Pour un peu de tendresse Je donnerais les diamants Que le diable caresse Dans mes coffres d'argent Pourquoi crois-tu la belle Que les marins au port Vident leurs escarcelles Pour offrir des trésors A de fausses princesses Pour un peu de tendresse
Pour un peu de tendresse Je changerais de visage Je changerais d'ivresse Je changerais de langage Pourquoi crois-tu la belle Qu'au sommet de leurs chants Empereurs et ménestrels Abandonnent souvent Puissances et richesses Pour un peu de tendresse
Pour un peu de tendresse Je t'offrirais le temps Qu'il reste de jeunesse A l'été finissant Pourquoi crois-tu la belle Que monte ma chanson Vers la claire dentelle Qui danse sur ton front Penché vers ma détresse Pour un peu de tendresse
Ils finissaient en débutant Les douze mois s'appelaient décembre Quelle vie ont eu nos grand-parents Entre l'absinthe et les grand-messes Ils étaient vieux avant que d'être Quinze heures par jour le corps en laisse Laissent au visage un teint de cendres Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves De là à dire qu'ils ont vécu Lorsque l'on part aussi vaincu C'est dur de sortir de l'enclave Et pourtant l'espoir fleurissait Dans les rêves qui montaient aux cieux Des quelques ceux qui refusaient De ramper jusqu'à la vieillesse Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur
Si par malheur ils survivaient C'était pour partir à la guerre C'était pour finir à la guerre Aux ordres de quelque sabreur Qui exigeait du bout des lèvres Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître Et ils mouraient à pleine peur Tout miséreux oui notre bon Maître Couverts de prèles oui notre Monsieur Demandez-vous belle jeunesse Le temps de l'ombre d'un souvenir Le temps de souffle d'un soupir